Nombre de participants : 4 : Annick, Jean, Théo, Gautier
Moyen d'accès : 2 véhicules
Temps passé dans le trou : 5h
Temps total de l'expédition : 24h
Départ de Sigean aux alentours de 10h.
Après avoir bien roulé, Théo et moi arrivons sur site. On s'empresse d'aller voir les abords du gouffre. On arrive au bord : la taille nous impressionne, le vide nous aspire. On fait le tour pour bien prendre la température de ce qui nous attend.
Jean et Annick arrivent pas longtemps après nous.
On trouve un petit coin à l'ombre, sous un hêtre qui a dû voir passer pas mal d'explorateurs !
Petit apéro et repas avant d'attaquer le Mas Raynal.
14h : Départ pour l'aventure. La corde de 200m sur le dos, je suis bien décidé à équipe la grande verticale. La fiche d'équipement en tête, on attaque la mise en place. Les premiers points fixés, je me mets en position de descente. Le vide se dévoilant sous mes pieds remet en doute toutes mes connaissances et le stresse se fait ressentir. Mais je reste concentré. Arrivé au niveau de la poutre métallique, j'installe la sangle autour, comme Jean me l'avait indiqué préalablement.
La confiance est absente mais il faut se lancer ! Je me longe et passe ce premier fractionnement, non sans quelques difficultés et quelques forces dépensées inutilement... je découvre le poids à tirer d'une corde de 200m tendue... difficulté à faire une clé, à avaler le mou... beaucoup d'énergie dépensée à cet endroit.
J'arrive enfin à libérer ma longe. Ça y est. Me voilà suspendu au dessus du grand puits. Ce qui me paraît être le fond du trou semble si loin... je remarque au fond d'autres spéléo, descendus par les puits parallèles. Sans leur combinaison rouge et leur lampe, impossible de les distinguer !
Je continue ma descente, le stresse se tarie et mes sens s'éveillent pour ne rien rater : le spectacle est magnifique. La verdure plonge dans le gouffre, les rayons du soleil projettent des ombres et magnifient le tout. Les bruits de la surface sont encore présents mais se font de plus en plus loin. Les voix de mes camarades à la surface raisonnent dans l'immensité du gouffre.
Je me rapproche de plus d'une paroi en surplomb du vide. Je remarque une broche scellée. J'ai le doute. Est ce que je dois faire un fractionnement à cet endroit là ? Cela fait seulement 15 mètres que je descend. Le fractionnement prochain d'après la fiche d'équipement est à 70 mètres.... je décide de continuer avec un gros doute. L'émerveillement est toujours présent mais ce doute me gâche l'expérience. Je décide de lever la tête et remarque que la corde frotte de temps en temps sur la paroi. Le stresse revient au galop. Après un moment d'hésitation, j'avertis Theo que je dois remonter car j'ai raté un point. Je fais mon changement et m'applique à remonter doucement, de manière à limiter le frottement au maximum. Arrivé à la broche c'est le soulagement, la corde ne s'est pas abîmé. J'ai bien sué quand même ! Je mets en place ce fractionnement et reprends ma descente. J'ouvre à nouveau grand mes yeux et mes oreilles pour ne rater aucune miette !
Quelques dizaines de mètres plus bas, les bruits de la surface se sont tus. Il n'y a plus que le vent qui se fait entendre dans cet immense espace. L'atmosphère est étrange : le temps semble suspendu. Je marque des pauses pour profiter. Je ne sais pas combien de temps je m'arrête à chaque fois, mais je ne me lasse pas du spectacle.
J'arrive au niveau de ce qui me semblait être le fond, vu d'en haut : d'énormes rochers posés là. Les parois se rétrécissent beaucoup et je comprends alors que je suis 70 mètres plus bas que Théo ! Voilà le fractionnement décrit sur ma fiche d'équipement. Le spit a cependant été remplacé par 2 broches...
Je laisse les brassées nécessaires comme Théo me l'avait expliqué, mets en place le fractio et entame les derniers 50 mètres. Un bruit d'eau lointain remonte des profondeurs sombres. Mon "liiiiiibre" résone et vient briser la tranquillité des lieux.
départ de Théo
Une nouvelle atmosphère se dégage de cette dernière partie. La tranquillité de la grande salle est petit à petit remplacée par le vacarme de la rivière souterraine.
J'arrive enfin au fond, atterrissant sur une poutre scellée là par EDF, à l'époque du projet de barrage - original comme arrivée !
Le but maintenant étant de ne pas tomber à l'eau, mais surtout de récupérer le reste de corde emporté par le courant, et emmêlé dans les debrits métalliques.
Je m'attèle à la tâche en attendant Théo, mais la corde est vraiment bien empêtrée ! Je décide de me reposer. Mon coéquipier est enfin là ! On s'empresse de lover la corde en attendant Jean et Annick.
On essaye de faire quelques photos, on discute mais toujours pas l'arrivée de l'autre moitié de notre groupe....
Théo décide de remonter les 50 mètres, au niveau de la grande salle pour prendre les infos. Jean était au bout d'un gros rocher et lui explique qu'ils n'avaient pas assez de mousquetons pour nous rejoindre.En fait, Jean et Annick étaient partis de leur côté dans les puits parallèles.
Mais en raison des modifications des amarrages et de leur remplacement par des broches, la fiche d'équipement avait changée, et la notre était en fait obsolète !
photo du grand puits prise par Jean des puits parallèles
Theo redescend pour m'informer. Nous entamons alors notre remontée. Cette fois-ci c'est Theo qui s'occupe de désequipper.
Pour ma part la remontée est sportive mais se fait bien. A mon rythme et reposant mes bras régulièrement, je continue d'être émerveillé pat cet endroit.
30 minutes plus tard, me voilà à la surface.
Théo me rejoindra 20 minutes plus tard.
Pour sa part la tâche était bcp moins simple en raison de la corde qu'il devait lover au fur et à mesure et de l'absence de kit pour la ranger !
Nous voilà sorti. Fatigués mais heureux.
Petite discussion aux abords du trou avec 2 jeunes du coin qui pratiquent la spéléo en autodidacte. On leur conseille de se rapprocher d'un club pour différentes raisons et nous repartons direction le campement
Douche, rangement du matériel, mise au sechage du linge... diverses activités occupent chacun avant de se réunir pour l'apéro ! Grillades pour le repas. Des moments indissociables d'une sortie spéléo !
La fatigue nous rattrape et l'envie de se coucher s'impose !
Pour ma part je "resterai" dans le gouffre toute la soirée et une bonne partie de la nuit à travers mes pensées et mes rêves...
Petit-déjeuner au matin, rangement des dernières affaires et départ aux alentours de 10h.
On croisera le club spéléo de Perpignan motivé pour attaquer le Mas Raynal !
Une sortie à refaire sans hésiter !
Gautier Rafaitin